Contexte
Arkham, Massachussetts
Le 18 janvier 1920
La nuit tombe. Les maisons du faubourg qui délimitent le parc se détachent, bien nettes, comme toutes les choses le font quand elles se rendent au crépuscule. Les arbres qui m'entourent grandissent dans l’ombre et montent au ciel rejoindre la nuit. La nature est une chose effrayante, puissante quand on y pense. Même quand elle est tenue en respect aux environs d'Arkham, elle donne encore de l’angoisse aux véritables citadins. Ses quelques parcs luxuriants, humides et grillagés, sont des endroits qui font affluer en moi des songes incoercibles quand j'y viens rassembler mes idées. Alors, je n’échappe pas à cette mélancolique et confidente inquiétude, car cette contrée me raconte mille choses à peu près sincèrement sur ce qui demeure, ici-même, dans l'indicible.
Lorsque je regarde à nouveau du côté de la ville, quelque chose a changé dans l’aspect du dédale, devant moi. Oh, pas grand-chose, bien sûr, mais tout de même assez pour que j'appelle : « Hé là ! qui va là ?... » Ce changement dans la disposition de l’ombre avait eu lieu à quelques pas... Ce devait être quelqu’un, tassé au fond de la rue... La peur qui s’est emparée de mes entrailles et prit en proie mes nerfs me fit choisir une autre voie, alors, car depuis quelques mois, Arkham est secouée par des événements troublants.
Je m'empressais de rejoindre notre refuge ; le Tilden Arms Hotel. Un établissement certes couvert de dettes et peu recommandable depuis la mort tragique de Dean Grimbsy, son co-gérant, mais ma frêle condition ceinte par quatre murs de briques m'apparaît plus en sécurité que dans la froide et si dense obscurité qui règne dans les rues.
A moins qu’il s’agisse de votre lieu de travail, chers amis, chacun d’entre vous réside dans l'une de ces nombreuses chambres. Je ne puis faire sans vous conseiller d'y rester à l'abri. S'ajoutant à ses nombreux soucis du quotidien, l’hôtel et ses clients, pour la plupart des voyageurs de passage, rapportent des bruits inquiétants dans les couloirs, comme des murmures inintelligibles dans les murs… Je ne les ai toutefois jamais entendu, pour ma part... Ce n'est peut-être rien, mais que vous choisissiez d'investiguer, d’une manière ou d’une autre, n’oubliez jamais qu’à Arkham, ce sont vos élans de lucidité qui, à ce que l'on dit, vous seront parfois les plus désagréables.
Fondé sur le Mythe de HP Lovecraft
©️Allan ©️William & ©️Nerver-U
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